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Principes clés de conception des agents IA

  • Photo du rédacteur: VO Technologies
    VO Technologies
  • 7 mai
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 mai

Au-delà de la conversation : architectures et mécanismes pour des agents intelligents



L'ère des agents conversationnels statiques évolue rapidement vers celle des agents IA autonomes, capables de percevoir leur environnement, de raisonner, de planifier, d'agir et d'apprendre pour atteindre des objectifs complexes.


La construction de tels systèmes nécessite une approche technique rigoureuse, allant au-delà de la simple interaction avec un modèle linguistique. Ce descriptif explore les principes techniques essentiels qui sous-tendent la conception d'agents IA robustes, intelligents et fiables.


Ces principes ne sont pas mutuellement exclusifs ; ils s'entrelacent et se renforcent mutuellement pour former une architecture d'agent cohérente et performante.


Nous nous appuierons sur les concepts mis en avant par des acteurs majeurs du domaine , ainsi que sur des pratiques d'ingénierie logicielle adaptées aux spécificités de l'IA générative.


1. Conception modulaire et structurée (Flux de travail agentiques)


Ce principe prône la décomposition de la logique de l'agent en modules ou composants distincts, chacun ayant une responsabilité spécifique (par exemple, interprétation de la requête, planification, exécution d'outil, évaluation des résultats). Ces modules sont orchestrés pour former un workflow dynamique, par opposition à une simple chaîne de pensée linéaire générée par un modèle unique.


Une conception modulaire améliore la clarté, la maintenabilité et la testabilité de l'agent. Elle permet de traiter des tâches complexes en les subdivisant en sous-tâches gérables. Elle offre également une flexibilité accrue, car les modules peuvent être adaptés, remplacés ou réordonnés en fonction de la tâche ou du contexte. Des architectures comme celles proposant des modules de Planification, d'Exécution et d'Évaluation illustrent parfaitement ce principe.


  • Implémentation technique :


    • Architecture microservices ou composants : Structurer l'agent comme un ensemble de services ou de modules interconnectés.

    • Frameworks d'agents : Utiliser des bibliothèques ou des frameworks (comme LangChain, LlamaIndex, ou des outils spécifiques fournis par les plateformes cloud) qui facilitent la définition de chaînes de traitement, de workflows et l'intégration de différents composants.

    • Agents spécialisés : Pour des systèmes multi-agents, concevoir des agents distincts dotés de compétences spécifiques collaborant à une tâche globale.


2. Architecture de mémoire et gestion de contexte


Il s'agit de la conception et de l'implémentation de mécanismes permettant à l'agent de stocker, de gérer et de récupérer des informations pertinentes sur le long terme, au-delà de la simple fenêtre de contexte limitée du modèle linguistique sous-jacent. Cela inclut la gestion de l'historique des conversations, des connaissances acquises, et de l'état des tâches en cours.


Une mémoire efficace est fondamentale pour la cohérence, la personnalisation et la capacité d'un agent à gérer des interactions prolongées ou des tâches complexes en plusieurs étapes. Elle permet à l'agent de se souvenir des informations cruciales, d'éviter la répétition et de construire sur les interactions passées.


  • Implémentation technique :

    • Mémoire à court terme : Stocker les dernières interactions dans un buffer simple.

    • Mémoire à long terme : Utiliser des bases de données vectorielles pour stocker des représentations vectorielles d'informations passées ou de connaissances externes, permettant une recherche sémantique rapide des données pertinentes.

    • Mémoire structurée : Stocker des informations clés dans des formats structurés (JSON, bases de données relationnelles) pour un accès et une manipulation aisés.

    • Mécanismes de résumé : Utiliser le modèle linguistique pour générer des résumés concis de longues conversations ou de documents pour maintenir le contexte sans dépasser les limites de la fenêtre contextuelle.


3. Planification explicite


L'agent génère ou suit un plan explicite (souvent sous forme textuelle ou structurée) détaillant les étapes nécessaires pour atteindre son objectif. Ce plan sert de feuille de route pour l'exécution et peut être révisé si nécessaire.


La planification permet à l'agent de s'attaquer à des problèmes complexes qui nécessitent une séquence d'actions ordonnée. Elle offre une structure au processus de résolution, facilite le débogage et permet d'évaluer la logique de l'agent avant l'exécution.


  • Implémentation technique :

    • Génération de plan par LLM : Utiliser le modèle linguistique pour générer un plan d'action basé sur la requête de l'utilisateur et le contexte actuel.

    • Modèles de planification formels : Utiliser des techniques de planification plus formelles issues de l'IA classique pour des domaines de problème bien définis.

    • Représentation du plan : Représenter le plan comme une liste d'étapes, un arbre de décisions ou un graphe d'actions possibles.

    • Boucles de planification-exécution : Mettre en place des boucles où l'agent planifie quelques étapes, les exécute, évalue les résultats, puis replanifie si nécessaire.


4. Capacité d'utilisation d'outils réels


Doter l'agent de la capacité technique d'interagir avec des systèmes externes en appelant des fonctions ou des APIs. Ces outils peuvent être divers : recherche web, accès à des bases de données, exécution de code, envoi d'e-mails, contrôle d'appareils, etc.


L'utilisation d'outils permet à l'agent d'agir sur le monde réel, d'accéder à des informations à jour et de réaliser des tâches qui ne peuvent pas être accomplies par la seule génération de texte. C'est un facteur clé de l'autonomie et de l'utilité pratique des agents.


  • Implémentation technique :

    • Appel de fonction (Function Calling) : Utiliser les capacités des modèles linguistiques à identifier quand et comment appeler des fonctions externes, en fournissant les arguments nécessaires.

    • Gestionnaire d'outils : Développer un composant qui gère la collection d'outils disponibles, la manière de les appeler, et le traitement de leurs résultats.

    • Documentation des outils : Fournir des descriptions claires et structurées des outils à la disposition de l'agent afin qu'il puisse comprendre leur usage et leurs paramètres.

    • Parsing des résultats : Développer des mécanismes pour interpréter les sorties des outils et les intégrer dans le contexte de l'agent


5. Mécanismes de réflexion et d'auto-évaluation


L'agent est conçu pour s'engager dans un processus de réflexion interne, où il analyse ses propres actions, ses résultats et son plan, évaluant leur adéquation par rapport à l'objectif. Cela peut impliquer de se poser des questions critiques sur sa propre performance.


La réflexion permet à l'agent d'améliorer sa fiabilité, de détecter et corriger ses erreurs, et d'optimiser sa stratégie au cours de l'exécution d'une tâche complexe. Elle ajoute une couche de métacognition au système.


  • Implémentation technique :

    • Prompts de réflexion : Utiliser des prompts spécifiques pour inciter le modèle à analyser une situation, critiquer une action passée ou évaluer un résultat.

    • Boucles d'évaluation : Intégrer des étapes explicites dans le workflow de l'agent où il évalue les sorties d'une action ou l'état actuel par rapport à l'objectif.

    • Modèles séparés pour l'évaluation : Parfois, un modèle séparé ou un ensemble de règles est utilisé spécifiquement pour évaluer les sorties de l'agent principal.


6. Autonomie contrôlée et garde-fous


Accorder à l'agent un degré d'autonomie pour prendre des décisions et agir, mais dans les limites définies par des règles, des politiques de sécurité et des mécanismes de supervision. Cela inclut la définition de périmètres d'action, la gestion des situations d'incertitude et la mise en place de procédures de secours (fallback).


L'autonomie contrôlée est essentielle pour la sécurité et la fiabilité des agents IA, en particulier dans les applications critiques. Elle permet de prévenir les comportements indésirables, les actions non intentionnelles et de s'assurer que l'agent reste aligné sur les objectifs humains.


  • Implémentation technique :

    • Systèmes de règles : Définir des règles qui restreignent les actions possibles de l'agent dans certaines situations.

    • Modèles de modération/sécurité : Utiliser des modèles ou des filtres dédiés pour détecter et bloquer les contenus ou actions potentiellement dangereux ou inappropriés.

    • Hiérarchie d'instructions : Établir une priorité entre les instructions de l'utilisateur, les instructions système de sécurité et les règles de l'agent.

    • Mécanismes d'interruption : Permettre aux utilisateurs ou aux systèmes externes d'interrompre l'exécution de l'agent.

    • Plan de secours (Fallback) : Définir des comportements par défaut ou des escalades vers un humain en cas d'incapacité de l'agent à gérer une situation.


7. Orchestration


Le composant d'orchestration gère le flux de contrôle et de données entre les différents modules de l'agent (mémoire, planification, outils, évaluation). Il prend les décisions de haut niveau sur la prochaine étape à exécuter en fonction de l'état actuel et de l'objectif.


L'orchestration est le cerveau de l'agent. Elle coordonne les interactions entre les composants pour exécuter le workflow de manière cohérente et efficace. Une bonne orchestration permet à l'agent de s'adapter dynamiquement aux changements et aux résultats intermédiaires.


  • Implémentation technique :

    • Moteurs de workflow : Utiliser des moteurs pour définir et exécuter la séquence des opérations de l'agent.

    • Agents coordinateurs : Dans les systèmes multi-agents, un agent peut jouer le rôle de coordinateur central.

    • Logique conditionnelle : Implémenter une logique qui détermine quel module appeler ou quelle action entreprendre en fonction de conditions spécifiques (par exemple, si un outil a retourné une erreur, activer le module de gestion d'erreur).


8. Gestion des données et des connaissances (RAG)


Intégrer des mécanismes pour permettre à l'agent d'accéder et d'incorporer des informations provenant de sources de données externes (bases de données, documents, web) dans son processus de génération de réponses ou de prise de décision. Cela implique souvent des techniques de recherche (retrieval) et d'augmentation de la génération (augmentation).


Le RAG permet aux agents d'être informés, pertinents et à jour, en particulier pour les sujets qui évoluent rapidement ou qui nécessitent des connaissances spécifiques non incluses dans les données d'entraînement initiales du modèle.


  • Implémentation technique :

    • Systèmes de recherche : Utiliser des moteurs de recherche, des bases de données vectorielles ou d'autres systèmes d'indexation pour trouver les informations pertinentes en fonction d'une requête.

    • Création d'embeddings : Convertir les documents ou les données en représentations vectorielles pour faciliter la recherche sémantique.

    • Augmentation du prompt : Insérer les informations récupérées dans le prompt envoyé au modèle linguistique pour guider sa génération.

    • Gestion de sources : Implémenter des mécanismes pour identifier et potentiellement citer les sources utilisées.


9. Apprentissage et adaptation


Doter l'agent de la capacité d'améliorer son comportement ou ses performances au fil du temps en fonction de nouvelles données, de retours d'expérience ou d'évaluations. Cela peut aller de l'apprentissage de nouvelles utilisations d'outils à l'ajustement de ses stratégies de planification.


L'apprentissage permet aux agents de devenir plus performants et de s'adapter à de nouveaux environnements ou à des tâches changeantes sans nécessiter une reprogrammation manuelle constante.


  • Implémentation technique :

    • Apprentissage par renforcement : Utiliser des signaux de récompense pour que l'agent apprenne les actions qui mènent au succès.

    • Apprentissage à partir de feedbacks humains (RLHF/RLAIF) : Intégrer les évaluations ou corrections humaines pour affiner le comportement de l'agent.

    • Fine-tuning de modèles : Affiner un modèle linguistique pré-entraîné sur des données spécifiques aux tâches de l'agent.

    • Apprentissage d'outils : Développer des mécanismes pour que l'agent apprenne à utiliser de nouveaux outils ou à améliorer l'utilisation des outils existants.


10. Gestion de l'état et persistance


Mettre en œuvre des systèmes pour stocker et récupérer l'état interne de l'agent à travers le temps ou les sessions. L'état peut inclure le plan actuel, les résultats intermédiaires, les variables importantes et le contexte de la tâche.


La gestion de l'état est fondamentale pour permettre aux agents de reprendre des tâches interrompues, de maintenir la cohérence sur de longues interactions et de gérer des workflows qui s'étendent sur plusieurs requêtes.


  • Implémentation technique :

    • Bases de données : Utiliser des bases de données (relationnelles, NoSQL) pour stocker l'état de l'agent et des tâches.

    • Stockage de session : Utiliser des mécanismes de stockage temporaire pour les sessions actives.

    • Sérialisation/Désérialisation : Implémenter des méthodes pour enregistrer et charger l'état de l'agent.


11. Gestion des coûts et optimisation de l'inférence


Concevoir l'agent et ses workflows pour minimiser les coûts d'exécution, en particulier ceux liés aux appels aux modèles linguistiques (qui peuvent être facturés à l'utilisation). Cela implique d'optimiser le nombre d'appels, la taille des prompts et le choix des modèles.


Une gestion efficace des coûts est essentielle pour la viabilité économique des agents IA, en particulier pour les applications à grande échelle.


  • Implémentation technique :

    • Cache : Mettre en cache les résultats des appels API ou des calculs fréquents.

    • Choix du modèle : Utiliser des modèles plus petits et moins coûteux lorsque la tâche le permet.

    • Réduction du prompt : Optimiser la taille et le contenu des prompts envoyés au modèle.

    • Batching : Regrouper les requêtes au modèle lorsque possible.

    • Optimisation des appels d'outils : Minimiser les appels d'outils redondants ou inutiles.


12. Interopérabilité et intégration


Concevoir l'agent de manière à ce qu'il puisse facilement communiquer et interagir avec d'autres systèmes logiciels, services et plateformes.


L'interopérabilité permet aux agents de s'intégrer dans des écosystèmes technologiques plus larges, d'accéder à une variété de services et de collaborer avec d'autres composants ou agents.


  • Implémentation technique :

    • Utilisation d'APIs standards : S'appuyer sur des standards de communication (REST, GraphQL) pour l'interaction avec les outils et services externes.

    • Formats de données communs : Utiliser des formats de données largement adoptés (JSON, XML).

    • Connecteurs/Adapteurs : Développer des composants spécifiques pour faciliter l'intégration avec des systèmes hérités ou propriétaires.

    • Protocoles d'Agent à Agent (A2A) : Pour les systèmes multi-agents, utiliser ou définir des protocoles pour la communication et la collaboration entre agents.


13. Gestion des conflits et coordination (dans les systèmes Multi-Agents)


Pour les systèmes où plusieurs agents interagissent, mettre en place des mécanismes techniques pour détecter, gérer et résoudre les conflits potentiels entre les agents (désaccords sur un plan, objectifs divergents, utilisation concurrente de ressources) et pour coordonner leurs actions vers un objectif commun.


Sans gestion des conflits, les systèmes multi-agents peuvent devenir inefficaces, imprévisibles ou même contre-productifs. La coordination est essentielle pour exploiter la puissance collective des agents.


  • Implémentation technique :

    • Protocoles de communication : Définir comment les agents échangent des informations et prennent des décisions conjointes.

    • Mécanismes de négociation/Arbitrage : Implémenter des systèmes pour résoudre les désaccords entre agents.

    • Agents coordinateurs : Désigner un agent dont le rôle est de superviser et de coordonner les actions des autres agents.

    • Partage de l'état et des objectifs : Mettre en place des moyens pour que les agents partagent (partiellement ou totalement) leur état et leurs objectifs pour une meilleure collaboration.


Conclusion


La construction d'agents IA performants et fiables est un défi technique multidisciplinaire. En adoptant ces principes de conception, les développeurs peuvent créer des systèmes qui vont au-delà des simples interfaces conversationnelles pour devenir de véritables agents autonomes, capables de comprendre, de raisonner, de planifier et d'agir dans des environnements complexes.


Ces principes fournissent un cadre pour aborder la complexité inhérente aux agents IA et ouvrent la voie à une nouvelle génération d'applications basées sur l'intelligence artificielle.


Comme le domaine continue d'évoluer, de nouveaux principes et techniques émergeront sans doute, mais ces fondations restent essentielles pour le succès


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